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Énergies citoyennes : Le Sud des Landes en transition

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Un scénario de résilience et d’autonomie énergétique se dessine dans les Landes. Entre sobriété et transition, des initiatives prometteuses sont portées par une poignée de citoyens avec ALOé et des élus du territoire.

Par Cécile Tonnerre

Le renouvelable citoyen face à la crise des énergies fossiles

Personne n’est passé à côté de la flambée des prix de l’énergie qui frappe le pays depuis 2 hivers. Conséquence de la guerre mais aussi de la gestion des ressources en énergie fossile, cette « crise » ne fait que commencer. Et entraine dans son engrenage de nombreux défis liés à la sobriété de nos modes de vies. Elle vient également questionner l’origine de nos ressources en énergies, encore très largement importées.
Créés en résistance aux énergies fossiles, notamment nucléaire, les premiers projets d’énergies dites « citoyennes » sont nés au Danemark dans les années 1980. Face aux enjeux de raréfaction des ressources naturelles et à la privatisation des systèmes d’énergie, ce mouvement dit grassroots (venant du peuple) prônait la production d’une énergie renouvelable et locale. Et dans laquelle les citoyens seraient au cœur des décisions.

Plus de deux décennies plus tard, incarné par des citoyens engagés et experts, le mouvement s’est largement répandu. Il ne compte pas moins de 300 porteurs de projet actifs en France, parmi les 8 000 développés sur le sol européen. Développés sous forme d’associations, coopératives, ou entreprises solidaires, ces projets ont pour source un engagement collectif autour de l’humain et du territoire. Visant l’autonomie et la souveraineté énergétique, ils s’appuient sur la vie locale pour financer, créer, distribuer, et construire des réseaux énergétiques locaux.

La résilience landaise s’organise

Dans les Landes, le projet ALOé est né il y a 5 ans sous forme d’une association. À l’origine, ce projet rassemblait une dizaine de citoyens qui souhaitaient agir activement pour proposer des projets d’énergie renouvelables sur le territoire. Mais également sensibiliser la population au sujet de la transition écologique.  Aujourd’hui, ils sont 67 actionnaires à faire partie intégrante du collectif. François Le Frêche, président actuel d’ALOé, s’investit pleinement dans sa mission et mène de front plusieurs projets aux côtés d’autres bénévoles. Sa motivation émane d’un constat simple : « Si on ne se préoccupe pas des énergies, des gens vont décider pour nous […] et peut être pas dans le bon sens. » Cet ingénieur de formation a bien conscience des enjeux en trame de fond. Aussi il estime qu’au vu « des évolutions climatiques et écologiques, il est plus résilient d’avoir plusieurs unités sur le territoire plutôt qu’une grosse unité avec un réseau qui déperd de l’énergie. »

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La dernière installation de panneaux photovoltaïque à Seignosse sur les toits du nouveau centre de loisirs de la commune.

Ce constat a résonné auprès des élus locaux qui jugent prioritaires d’exploiter le potentiel énergétique du territoire. Tout en adoptant des modes de gouvernance et de financement innovants. C’est le cas du maire de Seignosse, Pierre Pécastaings, qui revêt également la casquette de conseiller délégué à la Transition énergétique à la Communauté de Communes MACS. Il souhaite engager le territoire et sa commune dans une transition réelle avec une dimension écologique et citoyenne. Lors d’un entretien, il évoque le choix politique de se concentrer sur des « petits équipements » et déplore d’ailleurs l’impact de centrales photovoltaïques déjà implantées dans les Landes. Malgré leurs capacités de production supérieures, elles produisent « au détriment de parcelles forestières. »

Investissement citoyen

Lutter contre la spéculation des prix de l’énergie et l’évasion des capitaux sont également des valeurs qui tiennent à cœur aux porteurs de projet d’énergie citoyenne. Aussi, ils proposent aux citoyens d’être actionnaires et donc bénéficiaires des retombées économiques d’ALOé. Avec une action dont le montant minimum est de 50 €, François le Frêche espère encourager un maximum de citoyens dans un « projet d’épargne de proximité concrète » pour de l’énergie verte. Ainsi, sur long terme, une personne qui aura investi des économies dans le projet pourra bénéficier d’intérêts sur son investissement avec un taux semblable à celui d’un livret A.
Pour « accélérer la transition énergétique et ne pas la subir », François considère qu’il est essentiel que les citoyens se retroussent les manches et jouent un rôle auprès des collectivités dans la transition énergétique : « Ils ne peuvent pas tout faire tous seuls. »
À Seignosse, une installation photovoltaïque venant d’être posée sur le toit du nouveau centre de loisir a justement bénéficié de l’investissement des citoyens. Sur 38 000 € d’investissements pour équiper le bâtiment, 8 % découlent directement de l’épargne de seignossais et habitants des communes limitrophes.

Autoconsommation et sobriété

Au lieu d’être revendue à des fournisseurs d’énergie, l’électricité produite par l’installation servira à subvenir à la consommation du centre de loisirs. Après un audit énergétique poussé, le souhait de Pierre Pécastaings est d’aller plus loin. Il travaille actuellement avec Aloe sur la modélisation de « boucles d’autoconsommation » de 2 km environ. Celles-ci permettront de relier, en fin d’année, des foyers à des réseaux alimentés par des panneaux photovoltaïques installés sur des bâtiments publics ou privés (entreprises).

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L’école de Josse, le premier projet photovoltaïque d’Aloé à Josse dans les Landes.

En plus d’aider les collectivités sur le financement et l’installation de centrales de production, un des objectifs d’ALOé est en effet de fournir de l’énergie sur son territoire Adour Landes Océanes. Soit 4 intercommunalités de 70 communes. Ces installations permettront à la société de proposer des prix stables. Et en dessous des prix du marché sur 25 ans minimum aux citoyens qui feront le choix de souscrire un contrat auprès d’eux. « ALOé ne sera pas une alternative à EDF, le client devra garder son contrat parce que le solaire est alternatif. Cependant, on peut imaginer que la part d’énergie fournie atteigne 30 à 40 % de la consommation du bâtiment ou d’un particulier. »

À Seignosse, Josse, Saint-Martin de Hinx, des installations photovoltaïques financées en partie par des citoyens produisent déjà une énergie destinée à de l’autoconsommation par les bâtiments publics. D’ici la fin d’année, plusieurs foyers pourront espérer être reliés à ce réseau en circuit court.

Écoutez l’interview de François le Frêche, président d’ALOé dans Good Morning Hossegor, la matinale de Wave Radio.

 

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